Paroles de 'Helvetiquement Vôtre' par Michel Bühler

J'ai vingt-et-un ans, c'est donc le moment
De participer à la vie du temps
Mais comment le faire lorsque l'on n'est pas
Riche ou bien célèbre, et que l'on n'a pas
Le poids des années qui, dans mon pays,
Avec de la chance m'aurait permis
De me faire entendre? Mais écoutez-moi,
Car, comme vous...

J'aime nos montagnes, nos Alpes de neige...

Que peut bien nous faire notre hymne national?
Pour nous il est fait d'images d'Epinal,
Qui ont leur valeur, qui sont belles pourtant,
Mais qu'on utilise en les trahissant:
On parle de vaillance, on parle d'honneur,
Mais quel est le Suisse qui pourrait sur l'heure
Braver l'opinion comme l'ont fait nos pères?
Et pourtant...

On aime nos montagnes, nos Alpes de neige...

Quel est le banquier qui peut me montrer
Où a disparu, où s'est envolée
La fière arrogance, l'âme indépendante,
Que l'on avait en mille deux cent nonante?
Tout a disparu, il ne reste plus
Que la folle envie de gagner encore plus!
Qu'est-ce que ça peut faire que l'on ne vive plus;
Il suffit...

Qu'on aime nos montagnes, nos Alpes de neige...

Oh je sais déjà ce qu'on va me dire:
Tais-toi, tu ne sais pas ce que c'est que souffrir!
Comment oses-tu parler? Tu n'as pas,
Comme nous gagné la guerre, tu 'as pas
La force des ans, tu n'es pas lieutenant,
Tu n'es pas comptable ni même révérend!
Tu es encore jeune, tais-toi, ça passera,
Contente-toi...

D'aimer nos montagnes, nos Alpes de neige...

On ne nous propose que de conserver
Ce que le passé nous a imposé:
Gardons nos lingots, gardons nos cantons,
Gardons nos faux-cols et nos forts en béton!
Allons-nous donc tous mourir étouffés
Avec bonne conscience parc' qu'on a à bouffer?
Certains, comme nous, sentent leur tête éclater:
Est-ce tout...

D'aimer nos montagnes, nos Alpes de neige...